La privatisation programmée d’Air France s’engagerait-elle comme nous le prévoyions dans les tracts précédents ?
C’est en tout cas ce qu’affirme l’Agefi dans son édition de mardi. Selon le quotidien, il ne serait en effet plus question pour l’Etat de céder sur le marché l’ensemble des 34% dont il souhaite se défaire. L’idée serait dans un premier temps d’opérer un rapprochement entre la compagnie française et le néerlandais KLM.
Concrètement, l’opération pourrait se faire par échange d’actions en utilisant une partie des titres Air France, dont l’Etat, actionnaire à 54%, est actuellement détenteur. Compte tenu des capitalisations des deux compagnies (3,1 milliards d’euros pour Air France et 420 millions pour KLM) explique le journal, « il est possible pour lui [l’Etat] de descendre à 20% tout en demeurant le premier actionnaire de la compagnie, les actionnaires du groupe néerlandais se retrouvant avec environ 15% du capital d’Air France » et les pilotes, actionnaires à hauteur de 7 % aujourd’hui.
Et l’Etat pourrait récupérer une « participation résiduelle de quelque 500 millions » quand les conditions du marché boursier seront plus favorables
Le scénario gagne donc en clarté. Pour l’Etat français, l’opération se soldera bien par une privatisation d’Air France et une entrée d’argent frais. Air France, elle, en profiterait pour grandir, notamment en Asie et aux Etats-Unis, où KLM est largement présente, et mettre la main sur un des plus grands aéroports européens (Amsterdam). Quant à KLM, en difficulté aujourd’hui, elle trouverait un partenaire prestigieux, capable d’assurer sa survie.
Les deux compagnies partagent des partenaires américains qui se sont rapprochés (Delta pour AF et Continental et Northwest pour KLM) mais elles ont aussi chacune un hub.
Les négociations n’en sont visiblement qu’à leurs prémices. Il faudra maintenant convaincre les salariés de KLM et ceux d’Air France de l’intérêt d’une telle opération. « Un accord sera sans doute conclu avec les Français, mais ne sera officiellement annoncé que lorsque nous serons absolument certains qu’il peut fonctionner. Nous ne pouvons plus nous tromper », confiait hier un dirigeant de KLM au Monde.
Si KLM est désireux de s’unir à un autre groupe, dans le passé elle a échoué à plusieurs reprises depuis 15 ans (3 fois avec British Airways et plus récemment avec Alitalia, partenaire d’Air France dans Sky Team).
Ce pourrait être également le cas avec Air France, si les deux groupes ne parvenaient pas à s’entendre sur les termes de leur future collaboration commerciale. Le quotidien voit ainsi deux points essentiels qui devront être négociés : l’identité de KLM une fois le rapprochement effectué et le rôle attribué aux « hubs » de chacune des compagnies (Roissy pour Air France et Amsterdam pour KLM).
SUD Aérien rappelle que KLM vient de supprimer 1500 emplois de plus le mois dernier en plus de 3000 annoncés début mai (lire La compagnie néerlandaise KLM est entrée dans une zone de fortes turbulences).
Cette information nous inquiéte très fortement car des milliers d’emplois Air France vont se trouver en doublons avec ceux de KLM, Alitalia et CSA en Europe. SUD Aérien craint la mise en œuvre de mesures sociales drastiques dans les prochains mois si ce rapprochement aboutit avec une répartition des activités entre Amsterdam et Roissy.
L’arrivée du nouveau Directeur Général de la Politique Sociale ne serait pas étrangère à ce rapprochement.