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Revue de presse française et néerlandaise d’octobre 2003

vendredi 3 octobre 2003.


 Revue de presse néerlandaise
AF- KLM : les Néerlandais sans illusion

La presse néerlandaise commente mercredi 1er octobre, l’accord de fusion annoncé entre KLM et Air France. Lucide, la presse reste pourtant dubitative sur les chances de succès de l’opération. Face à ces sentiments nationalistes - le journal de 20 heures affirmait que « le drapeau national est en berne »- , une partie de la presse reste cependant les pieds sur terre. Même son de cloche pour la presse économique, pour qui « KLM » n’avait pas d’autre choix.


NRC- HANDELSBLAD

«  Quoi de plus néerlandais que KLM : les moulins, le fromage, la porcelaine de Delft ?  » La question saugrenue du quotidien du soir « NRC- HANDELSBLAD », donne l’ampleur des dégâts causés dans l’inconscient collectif des Néerlandais par la prise de contrôle de KLM par Air France.
« Les noms et les marques des compagnies demeurent, mais cela ne change rien à l’essentiel : KLM devient une sorte de fillale d’Air France... Les Français sont les patrons et voudront garder cette position coûte que coûte », craint aussi le « NRC » qui estime que « La mondialisation laisse peu de place aux sentiments nationaux ».
« Rien n’est fait pour durer des siècles », déclare avec franchise le « NRC ».

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DE TELEGRAAF

Le quotidien (droite) estime que c’est un « joyau national qui disparaît du trésor », mais rappelle que selon le pdg Leo van Wijk « l’avenir mondial de KLM est mieux garanti » par l’alliance avec Air France.

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HET FINANCIEEL

Le marché de 1’aviation est devenu planétaire avec une concurrence qui se joue, sur les coûts et les économies d’échelle, alors que KLM n’a pas trouvé dé parade convaincante à 1’arrivée des compagnies « low cost » comme Ryanair », selon le « Financieele Dagblad ».
Le journal financier reste sceptique sur les garanties obtenues concernant l’avenir de l’aéroport de Schiphol-Amsterdam.
« Il y a de bons arguments pour une reprise par Air France, mais il n’est pas sûr que ces arguments soient valables pour l’aéroport national d’Amsterdam-Schiphol et pour l’économie néerlandaise », selon ce journal.

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ALGEMEEN DAGBLAD

Pour l’Algemeen Dagblad (centre-droit), l’alliance était « inévitable » même si la fierté néerlandaise en souffre. Cet accord « devenu urgent du fait du malaise économique, des effets du 11 septembre et de la maladie du SRAS. KLM croule sous les pertes et les coûts d’exploitation trop élevés ».
L’éditorialiste de 1’« Algemeen Dagblad » évoque ; « la débâche de Corus qu’il faut éviter ». Le quotidien a des doutes sur la réussite de la fusion, et souligne les différences culturelles entre la France et les Pays-Bas.

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DE VOLKSKRANT

Le quotidien (centre-gauche) s’en réfère aux spécialistes du transport aérien et conclut que « la reprise par Air France est finalement la meilleure des choses qui puisse arriver à KLM ». Ce journal estime également que l’accord était inévitable : « l’ambition de continuer à jouer dans la cour des grands était irréalisable sans un partenaire », écrit De Volksrant. « Il n’existe pas de fusion sans risque. Swissair-Sabena est 1’exemple à ne pas suivre », prévient le « Volkskrant »

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TROUW

« Air France n’est pas un partenaire de KLM, mais son propriétaire  », commente en première page le quotidien chrétien « Trouw » (protestant-gauche) en présentant une opération où KLM « se place sous les ailes d’Air France ».
Et quid de l’avenir ? « La classe politique regarde inquiète la période qui s’ouvrira après les garanties données par Air France », relève le journal.

Trouw se penche sur le point de vue des pilotes français, affirmant que ceux-ci sont « heureux, mais sceptiques » sur l’avenir du futur groupe, compte tenu de l’énorme endettement de KLM.

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 Revue de presse française

Tout d’abord des analystes : la vérité sort toujours de la bouche des financiers ; mais quelle vérité ?

CIC Securitie

CIC Securities estime que, « pour Air France, l’opération semble onéreuse et risquée » . Le courtier reste dubitatif devant les synergies envisagées, jugeant que les hypothèses (440 millions d’euros annuels au bout de cinq ans) « semblent difficiles à valider et constituent (...) une déception en l’absence de réduction des effectifs » .

Didier Orand, analyste chez Fideuram-Wargny

« Air France a fait un bon calcul à long terme ».
Didier Orand, analyste chez Fideuram-Wargny, estime que la fusion avec KLM est sensée sur un plan stratégique. Même si à court terme, l’acquisition des parts de marché de KLM coûte cher.


L’HUMANITE
Maurice Ulrich

« Les Français ont-ils jamais voté pour la privatisation d’Air France, désormais engagée depuis qu’hier sa fusion avec le groupe néerlandais KLM a été annoncée ? (...) Mais ils sont à qui, ces avions ? Car Air France est un bien national et, qui plus est, un bien national qui ne perd pas d’argent mais en gagne depuis son redressement, en dépit de la crise ouverte dans le transport aérien depuis le 11 septembre 2001. (...) Quel est alors l’enjeu du mariage ? Il s’agit, au dire des marieurs, de se placer » dans une stratégie de croissance rentable « . (...) L’objectif de création d’un grand groupe du transport aérien lui-même, s’il n’est pas usurpé en termes de recherche de rentabilité, porte une autre logique. (... ) Ce qui se dessine, c’est un transport aérien à deux vitesses. Une pour les riches, l’autre pour » les congés payés « et les rase-mottes du transport. C’est un partage du marché. Le marché des gros, des requins de l’air, et le marché des miettes que se disputeront âprement les compagnies » low coast « , à coups de dumping, de dérégulations, de bricolages financiers, de faillites, de risques du transport lui-même. Le ciel libéral. En réalité, les fusions des gros vont tirer le ciel vers le bas. »

LE FIGARO
Philippe Reclus

« ce projet a l’immense mérite de réveiller un débat sur la concentration du ciel européen qui s’était enlisé. (...) Qu’Air France, compagnie à capitaux majoritairement publics, soit l’initiatrice d’une telle avancée, en dit long sur l’impulsion que l’Europe des Etats peut donner. Elle souligne par la même occasion le rôle que peut jouer un actionnaire public quand son intervention est précisée, contrôlée et limitée dans le temps. L’argent injecté par le contribuable français il y a dix ans - plus de quatre milliards d’euros - pour éviter à Air France le dépôt de bilan et mettre la compagnie en situation de pivot d’un tel projet européen trouve aujourd’hui toute sa justification. A la compagnie de démontrer la justesse de ce calcul. (...) La rapidité avec laquelle les Etats-Unis ont volé au secours de leurs compagnies aériennes touchées par les conséquences du 11 septembre n’a que mieux mis en évidence les retards et les hésitations des Européens dans ce domaine. La volonté de cette même Amérique d’engager, contre l’Europe, le match du transport transatlantique est tout aussi claire. Il n’était que temps de réagir. »

LA TRIBUNE
François-Xavier Piétri

« Le même jour, à quelques heures près, se signaient le rapprochement d’Air France avec KLM -sous réserve de dernières négociations- et les feux verts des autorités de marché à Paris et de la concurrence à Bruxelles pour la prise de contrôle de Pechiney par Alcan. (...) A qui doit-on, largement, le succès d’Air France ? Tenez-vous bien : à l’Etat français (et donc aux contribuables) qui en acceptant, il y a près de dix ans, de recapitaliser l’entreprise de quelque 20 milliards de francs de l’époque, a permis à ses dirigeants de remettre en ordre d’envol la compagnie aérienne. Comment ne pas penser à Alstom dont le plan de sauvetage n’a été sauvé qu’à l’arraché face à Bruxelles -et que faudra-t-il dire demain de Bull ? A qui doit-on, si on considère qu’une OPA hostile réussie sanctionne une stratégie ratée, l’échec de Pechiney ? (...) La leçon va de soi au-delà des fâcheries épidermiques, il faudra bien que l’Europe prenne conscience qu’elle doit travailler demain pour l’émergence d’un capitalisme européen, qu’elle devienne une Europe aux structures constructives plutôt que coercitives. »

LES ECHOS
Gilles Sengès

« Au vu des performances financières et commerciales des uns et des autres, la flexibilité est un atout dans le monde de l’aérien. Ce que semble prouver le succès des compagnies à bas coûts qui tiennent le haut du pavé en Europe comme aux Etats-Unis. Car, même si le trafic se redresse lentement avec la reprise économique qui se fait jour outre-Atlantique, le secteur souffre encore de surcapacités. Fragile, il est toujours à la merci d’un attentat ou d’une épidémie, comme l’Asie en a connu une cet hiver. C’est donc un pari sur la reprise que fait Air France en changeant sa stratégie, qui, jusque-là, protégeait les alliances commerciales dans le cadre de Skyteam avec, éventuellement, l’établissement progressif de liens financiers comme avec Alitalia au départ. Jean-Cyril Spinetta, son président, qui a fort bien piloté le groupe ces dernières années, en dépit des nombreuses turbulences, va se retrouver aux commandes d’un mastodonte plus difficile à diriger. »

LIBERATION
Jean-Michel Thenard

« Il faut souhaiter que le mariage des airs ne se termine pas comme celui de Vivendi et Universal. Il est des fusions qui marchent (Renault-Nissan), d’autres qui restent mort-nées (Renault-Volvo), beaucoup encore qui s’écroulent. Celle-ci est plus de raison que d’amour, les dettes de la néerlandaise sont importantes, la complémentarité n’est pas évidente et il se pourrait que l’emploi en fasse un jour les frais. Le risque est réel mais l’immobilisme serait pire. Quand l’aviation mondiale est l’objet d’une concentration sans pareille depuis dix ans, il faut être à la tête du mouvement pour ne pas en être la victime. Le paradoxe, c’est que la compagnie qui résiste le mieux en Europe est un pur produit de la fameuse économie mixte française si décriée tant à Paris chez les libéraux style Raffarin qu’à Bruxelles, chez le commissaire Mario Monti. Et pourtant, Air France se porte bien mieux que sa vieille rivale British, privatisée par Margaret Thatcher. L’autre paradoxe, c’est que ce succès a une issue, la privatisation, qui n’a jamais valu à celles qui l’ont déjà connue un destin de star. Des limites des mariages princiers... »

LA CHARENTE LIBRE
Jacques Guyon

« Le mariage entre Air France et KLM va faire de la nouvelle compagnie aérienne le numéro un mondial en chiffre d’affaires. (...) Il faut se souvenir en effet qu’à l’époque notre compagnie nationale battait méchamment de l’aile. Malgré 6,5 milliards de francs injectés par l’État, malgré la suppression de 10.000 postes, Bernard Attali, le PDG de 1993 devait jeter l’éponge. Depuis, sous la férule de Christian Blanc puis de Jean-Cyril Spinetta, Air France n’a cessé de prendre de l’altitude et est devenue une des compagnies les plus rentables du monde. Et ceci malgré les attentats du 11 septembre, malgré la guerre d’Irak, malgré l’épidémie de SRAS. Ce redressement est bien sûr le fait des nouveaux dirigeants d’Air France. Mais aussi de ses personnels qui ont joué le jeu de diminution de salaires en échanges d’actions de la société. Mais encore des gouvernements successifs, de droite comme de gauche - et même lorsque le ministre des Transports était communiste... - qui ont su piloter l’évolution de la société. »

LE PROGRES
Jean-Philippe Mestre

« Enfin une nouvelle qui satisfait l’amour-propre national ! La fusion d’Air France et KLM devrait donner naissance à la plus avantageuse compagnie aérienne qui plane encore au-dessus de la planète. Et si au passage, Air France se retrouve privatisée de fait, l’Europe n’y trouvera rien à redire, puisqu’elle a inscrit dans son credo économique la libéralisation des marchés. Il faut dire que la libéralisation du marché aérien est un vrai succès. Une multitude de compagnies se sont créées pour le plus grand bonheur de la libre concurrence. (...) Il y a de fortes chances pour qu’à plus ou moins longue échéance, elles en viennent à s’associer ou à s’inféoder au groupe franco-hollandais. Et que la libre concurrence aboutisse à la constitution de monopoles encore plus concentrés que ceux qui existaient du temps de l’étatisation. On a vu, il y a peu, qu’au nom de la concurrence, la commission de Bruxelles était près d’entériner la faillite d’Alstom, qui aurait eu pour effet de ne laisser subsister en Europe que le seul Siemens. On sait pourtant, depuis le dépôt de bilan du marxisme, que l’entêtement idéologique n’est pas ce qu’il y a de plus rentable pour l’économie. »

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