Je trouve dans cet article l’exact reflet de ce que je vis actuellement dans mon entreprise. ( en prime mon salaire et ma mission ont été divisés par deux, après une vague information orale entre deux portes avant les congés, une vaine attente d’une heure à la porte du directeur le jour de mon « rendez-vous annuel », refus de me recevoir par la direction par la suite et encore bien d’autres incongruités )
Etant notoirement une personne qui excelle dans son travail j’ai pu être malgré tout très fragilisée sur le plan psychologique au démarrage de ce processus (j’ai subi un grand choc lorsque j’ai pris conscience de la mauvaise foi, voire de la volonté de destruction à mon égard et je suis tombée dans quelques pièges ) je remonte la pente de ce point de vue.( Parce que ma survie ne dépend pas de cet emploi, autrement ce serait beaucoup plus grave)
Je me montre souriante, détendue, ferme face à mes agresseurs. J’exprime calmement mon désaccord global avec leur position (par rapport à ma compétence et aussi à mon contrat de travail) et « laisse dire » lorsque je suis confrontée à des mensonges qui sont censés me provoquer.( Il s’agit d’un véritable travail de bluff, de rapport de forces psychologique, dont il faut cacher à tout prix le caractère éprouvant. )
Mais le mal est fait : je suis « une personne à problèmes » qui glisse lentement vers une sortie par la petite porte. Les gens qui m’apprécient et connaissent ma valeur ne témoigneraient pas, pour des raisons évidentes, si je voulais défendre mes droits... Et même l’inspecteur du travail m’a prévenue d’une « stratégie sale face à laquelle j’aurais peu de moyens d’avoir gain de cause, voire de tenir »
J’estime avoir beaucoup de chance de disposer d’outils psychologiques et de soutiens personnels qui m’ont permis de me relever après être tombée dans un état de grande fragilité les premiers temps.
Ce qui me protège finalement, c’est d’avoir pris la mesure de l’ignominie à laquelle j’étais confrontée, et d’avoir renoncé à l’idée qu’un dialogue loyal soit possible avec mes interlocuteurs.
Ces gens , redevenus très aimables après avoir divisé mon salaire par deux, jusqu’à ce que je réagisse (en refusant de signer le « nouveau contrat » qui m’a été communiqué deux mois après sa mise en actes) ne m’ont pas non plus dupée à travers cette soudaine « sympathie ». Ma vigilance m’a permis de ne pas être surprise ni choquée par de nouvelles vexations. C ’est un travail très difficile que de renoncer à l’idée de confiance, mais cela protège du pire, car je crois que *du meurtre psychologique au meurtre tout court, il n’y a pas loin.*
Au dela de ça, sur le strict plan de l’emploi, je ne crois pas qu’il existe des moyens de stopper une telle machine à laminer, dont les rouages sont savemment huilés et la puissance disproportionnée : la justice est inefficace face à ces processus insidieux. Les valeurs morales sont jugées, dans la pratique, immatures et contraires aux intérêts supérieurs d’un management fondé sur la domination et la coercition « pour le salut de l’entreprise » et donc l’intérêt des salariés.
Je me suis même laissé dire par le directeur qui refuse de me recevoir dans l’entreprise mais a eu le toupet de venir m’aborder dans le cadre rencontre fortuite hors entreprise, que la dimension sociale lui tenait à cœur dans le cadre d’une conception humaniste de sa fonction ! J’en passe et de plus étranges encore.
Récemment, j’ai n’ai obtenu qu’un entretien avec des personnes non décisionnaires, qui m’ont « rappelé » les motifs de ma réduction de poste : un savant mélange de motifs économiques (au sujet desquels j’ai fait remarquer qu’on avait embauché plusieurs personnes en CDD pour un travail qui relevait de ma compétence. Il m’a été répondu que cela ne me regardait pas) et de reproches professionnels totalement fallacieux.Ces « interlocuteurs » m’ont aussi fait savoir que mon point de vue n’intéressait personne. Les choses ne concernaient même plus le directeur, qui ne me recevrait pas, et l’on m’ a priée de manifester mon désaccord par écrit afin que cela puisse se régler directement entre le « service juridique du siège Parisien » et moi-même.
Je pense que mon assurance apparente, ainsi que le fait d’avoir pu assumer efficacement ma journée de travail après cet entretien (j’ai même manifesté de la gaieté et de l’humour) à dérouté ma hiérarchie, d’autant plus que je suis censée être émotive et sensible. J’aurais été incapable d’un tel « exploit » il y a quelques mois. Cette« performance théâtrale », j’en ai ressenti le contrecoup (épuisement et déprime, il vaut mieux être aidé !) après, mais pas devant les intéressés.
A défaut de pouvoir obtenir une aide légale efficace et rapide, ou un autre emploi dans l’immédiat, il semblerait que « ne pas être là où on m’attend » ni « réagir comme on voudrait que je le fasse » m’autorise un certain répit et ne soit donc pas la plus mauvaise stratégie. Je n’attaque pas, je ne réitère pas ma demande de rendez-vous avec le directeur, je n’écris surtout pas comme on me l’a demandé, je ne démissionne pas , comme on m’a encouragée amicalement à le faire, et je ne signe pas le « nouveau contrat ». Je fais mon boulot ( un peu moins bien que normalement au sens où si j’ai une opinion où une observation qui à mes yeux va dans le sens d’une amélioration des résultats mais supposerait un petit effort, quelqu’il soit, de la part de ma hiérarchie, j’évite de l’exprimer. )
etc... Et je reprends un peu de confiance en moi, ce qui peut-être utile.
Il me semble que tous les acteurs de ces jeux d’intimidation ne les pratiquent pas forcément avec plaisir, mais s’acharneraient plus facilement quand « la bête est touchée ». Ils peuvent être concernés un jour par la même situation mais s’imaginent qu’ils sont différents, que c’est une question de personnalité. La coercition et le refus de communication étant assez peu compatibles avec l’intelligence. Il n’est donc pas question de solidarité, ou très peu. Il y en a, mais elle ne se traduira pas plus sous forme juridique
que la justice ne protègera ses « Héraults ».