« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Ce proverbe semble avoir inspiré l’Etat français, actionnaire à 54,4 % d’Air France, et décidé à abaisser à terme sa participation à 20 %. Selon nos informations, l’Etat aurait été prêt à se désengager du capital de la compagnie aérienne, en septembre, avant l’annonce du projet de fusion entre Air France et KLM (le 30 septembre), au prix de 15 euros. Un prix équivalant au cours de Bourse de l’époque, et supérieur de 7 % au cours d’Air France début 1999, lors de l’ouverture du capital du transporteur.
Bien en a pris à l’Etat de ne pas se précipiter : l’action a atteint son plus haut niveau sur un an glissant, hier en séance, à 15,9 euros, après l’approbation, par les autorités de la concurrence européennes et américaines, du projet de fusion entre Air France et sa concurrente néerlandaise KLM. Si le titre n’a gagné hier que 0,06 %, à 15,40 euros, il n’en a pas moins bondi de 17 % environ, en l’espace d’une semaine.
Selon l’analyste d’une banque américaine, la communauté financière ne doutait pas du feu vert de Bruxelles et de Washington à une fusion dont elle commençait à reconnaître le bien-fondé, après quatre mois de scepticisme. Sceptiques, les analystes de Credit Suisse First Boston (CSFB) ne l’ont jamais été. Dans une note datée du 3 octobre, les experts valorisent le nouveau groupe Air France-KLM à 23,6 euros par action.
De quoi faire briller les yeux de l’Etat, dont la participation de 54,4 % dans Air France pèse 1,86 milliard d’euros, sur la base du cours actuel.
Fortes synergies.
Une fois l’offre publique d’échange (OPE) d’Air France sur KLM finalisée, l’Etat détiendra 44 % du nouvel ensemble Air France-KLM. Une participation qui ne vaudrait pas moins de 3,14 milliards d’euros, selon l’estimation de CSFB ! Une estimation démesurée ? « Au contraire ! » rétorque l’analyste d’une banque française. « Air France-KLM vaut 25,8 euros, au pire. Et je penche pour une valorisation comprise entre 33 et 34 euros. » Le spécialiste invoque les synergies issues de la fusion, qui devraient être « bien supérieures » aux 500 millions d’euros annuels prévus par Air France, à partir de l’exercice 2004-2005. Sans compter les 650 millions d’économies annuelles, procurés par la restructuration en cours de KLM.
Peu importe ces valorisations alléchantes, l’Etat devrait patienter encore, de source proche du dossier. Tout au moins jusqu’à la finalisation de l’OPE, en avril ou en mai. Un calendrier qui coïncide avec la présentation des résultats annuels d’Air France et de KLM, susceptibles de donner un nouveau coup de fouet au cours...