L’hôtellerie épargnée
Le personnel hôtelier reste relativement épargné, avec une augmentation contenue à + 4,2 % au 3e trimestre 2003. L’an dernier, le nombre d’inscrits baissait encore par rapport à 2001, seule catégorie [1] dans le tourisme à bénéficier de cette situation, révélatrice de la pénurie de salariés du secteur, en raison des conditions de travail : les horaires hebdomadaires restent largement au-dessus de 40 heures, par dérogation. En valeur absolue, le personnel hôtelier représente 55 % des inscrits, mais l’hôtellerie est aussi le premier employeur dans le tourisme, avec environ 200 000 salariés selon l’Unédic, et quelque 781 425 salariés à fin 2002 avec la restauration, souvent associée par commodité. Le turnover y reste considérable, même s’il s’est ralenti depuis 18 mois. « Nous aurons recruté cette année 5 à 6 000 personnes, CDD compris, sur un effectif global de 28 000 salariés en France, et nous prévoyons un volume voisin l’an prochain », précise Bruno de Montalivet, de la direction générale des ressources humaines du groupe Accor.
Forte hausse du chômage dans le transport aérien
A l’autre extrémité, le transport aérien connaît une situation opposée, avec des hausses de 24 % pour le personnel navigant, 25,5 % pour le personnel navigant technique, et 39 % pour les agents d’escale au troisième trimestre 2003. Les pourcentages étaient supérieurs au deuxième trimestre, en raison de la faillite d’Air Lib. En valeur absolue, la hausse est toutefois contenue : l’aérien reste un petit secteur, dont l’effectif global plafonnait à 17 904 salariés fin 2002, selon les chiffres de l’Unédic, qui le minorent : Air France n’y est pas comptabilisée, en raison de son statut particulier. D’autre part, nombre de licenciés avaient été réembauchés chez Air France (près d’un millier), mais aussi chez Aéris, encore dans sa phase d’expansion, ou encore Aigle Azur, et dans d’autres compagnies charters, l’été étant toujours propice à une relative embellie de l’emploi dans le tourisme. La rechute de cette fin d’année sera plus dure, avec la faillite d’Aéris, les réductions d’effectifs (au moins 300) annoncées chez Air Littoral, la situation chancelante d’Euralair, le tout survenant cette fois au début de la basse saison.
Morosité dans les agences
Les salariés des agences de voyages et des tour-opérateurs paient aussi un tribu assez lourd à la crise. La hausse du chômage avait commencé dès le deuxième trimestre 2001 parmi les « techniciens de vente tourisme » et les « techniciens de production ». Il faut certes distinguer ce qui vient des licenciements, et de la baisse des offres d’emplois (-17 % en cumulé depuis le début de l’année), le secteur n’absorbant plus les jeunes diplômés sortis de l’école. Depuis le début de l’année, la progression des demandeurs d’emplois est supérieure à celle du secteur (+7,5 à + 10 % suivant les trimestres), mais c’était encore pire en 2002 (+15 à 20 %), marqué par des plans de licenciements au Club Méditerranée, chez Jet tours, Accor Tours, Nouvelles Frontières, et un essoufflement des agences Internet, qui avaient beaucoup embauché en 2000 et 2001.
Elles s’en tirent mieux cette année, mais la croissance et les premiers bénéfices qu’elles annoncent sont peu créateurs d’emplois : elles engrangent les investissements de productivité antérieurs, qui donnent aujourd’hui leur pleine mesure. Un TO se distingue néanmoins sur le plan des créations de postes, maintenues à un rythme étonnant : switchtour.com, qui annonce sur son site Internet un objectif de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, et 150 embauches. L’an dernier, au plus fort de la hausse du chômage chez les TO, il a recruté 70 personnes, et augmenté son bénéfice. Go Voyages a également accueilli une cinquantaine de nouveaux salariés. Chez les voyagistes classiques, le dynamisme le plus notable vient de Thomas Cook pour le lancement de son tour-opérateur, et du groupe NF, pour celui de TUI France.